Un château  en Gévaudan Tome 7

« Vanité ! Tout est vanité « 

Extraits

Ainsi, c’en était fait ! A la mi-janvier 1814, l’impressionnant Grand Empire n’était plus qu’un souvenir. Désormais, il appartenait pour toujours au passé et à l’Histoire !

Mais, une fois cette étape franchie, les Coalisés ne s’arrêtèrent pas en si bon chemin et foncèrent droit sur Paris, sans la moindre pitié. Mais, à vrai dire, pourquoi eussent-ils agi avec mansuétude envers la France ? Napoléon, au faîte de sa gloire, leur avait-il montré l’exemple en ce sens ? Que nenni ! De toute façon, depuis l’Antiquité, l’affaire semblait entendue !

Le « vae victis« [1]adressé par le chef gaulois Brennus aux Romains vaincus, a, d’âge en âge, toujours gardé ses farouches partisans et fait nombre d’émules… et Brennus bien des petits !

Alors, pour l’empereur des Français, Sa Majesté Napoléon Ier, pour celui que, moins de deux ans auparavant, tous saluaient comme l’Empereur des Rois, comme le Maître incontesté de l’Europe, ce fut le coup de grâce ! … Ce fut l’humiliante campagne de France. Et pour le peuple français la honte de voir la soldatesque étrangère fouler – souiller ! – le sol de la Mère-Patrie.

Ce qu’en 1792 les Français avaient refusé de toutes leurs forces et avec cette belle énergie qui surgit du tréfonds le plus secret des entrailles à la seule pensée de voir le sol national envahi, ce pour lequel, depuis, ils n’avaient cessé de tenter de se prémunir en multipliant les conquêtes comme autant de glacis protecteurs entre les potentiels intrus et la terre sacrée de leur commun patrimoine ancestral – conquêtes toutes payées au prix le plus fort, à savoir au prix de la mort de centaines de milliers de leurs proches – vingt-deux ans plus tard, il leur fallait courber l’échine sous le joug des ennemis vainqueurs.

Ainsi, en dépit de leur ferme volonté de résistance et au terme de tant de sacrifices, en arrivaient-ils – à leur corps défendant et la mort dans l’âme – à devoir se résoudre à cette funeste réalité !

 

(‘Un Château en Gévaudan’, tome 7, p 112-113.)

[1] Vae victis : expression latine signifiant ‘malheur aux vaincus’